Édition: Éditions Stock, janvier 2001

Réédition: Espace Nord N° 289, 2009

XX

Sonne à nouveau le glas dans la petite église, ces coups qui pèsent dans l’air d’été, lentement tombent, un maître dans le silence du dojo frappe sur mon épaule et quelqu’un crie sans voix ne te retourne pas, ne fais pas un seul geste, que la progression, la marche inexorable du glas fasse corps avec ton corps, que rien désormais ne te dévie de ta route, et n’oublie jamais enfant de mère morte combien ton royaume est le seul souffle, aperçois l’inutilité des haines, des courses, des querelles, et que la face blanche de sa stupeur vienne s’imprimer au dessus des jours, des lumières brillantes, des enfiévrements, crains Dieu dit le texte obscur, sois héritier des choses sans qu’elles t’alourdissent, j’ai tant erré sans but, j’ai tant voulu, dispersé mon désir, j’ai perdu le son pur, ce glas qui vient à intervalles battre le linge lourd, fouetter le blé mur, frapper au ciel sans réponse et appeler le sang, aide-moi à ne jamais perdre ce son, ma mère, tu me donnes ma vie et ma mort, tu me donnes